Encore des déboires médicaux
Avertissement : post particulièrement long et indigeste. Mais j'avais besoin de raconter tout ça par le menu détail pour réussir à y voir plus clair.
Avec le retour de températures extérieures un peu plus agréables, le comportement de Margaux a de nouveau changé cette semaine. Moins de pleurs, plus de facilité à l'endormir, et surtout à la laisser dormir dans son lit ou rester un moment seule en observant ce qui l'entoure (mais je ne suis jamais bien loin, quand même !). Et on sent qu'elle s'ouvre de plus en plus au monde, notamment lorsqu'elle est dans les bras de son papa (qu'elle dévore des yeux d'ailleurs, c'est impressionnant).
Je m'interroge actuellement sur ce qu'elle peut ressentir lorsque je suis en vadrouille ou "en société", quand bien même elle passe la plupart de ce temps à dormir dans l'écharpe. Je crois que dormir ne l'empêche pas de percevoir les choses, et donc d'en subir un certain stress, mais je n'ai pas encore assez de recul pour en être certaine.
Je pensais en être persuadée vendredi soir, après avoir passé une grosse après-midi à papoter au parc avec d'autres mamans. Le soir, elle a passé pas mal de temps à pleurer, je trouvais sa voix différente, presque éraillée, malgré le démenti de Bousier (mais j'en reste persuadée quand même). Les mises au sein ont été un véritable enfer pendant toute la soirée, elle s'énervait et hurlait au bout de 2 gorgées, ce que j'ai mis sur le compte d'un réflexe d'éjection fort. Ayant très peu mangé dans la journée, j'avais les seins bien tendus, mais une expression manuelle n'a rien changé à son énervement. Peut-être avait-elle mal à la gorge avec cette brusque chute des températures... Mais surtout, elle n'a quasiment pas réclamé de la nuit, ce qui m'a énormément déstabilisée. J'ai d'ailleurs fini par la réveiller à 3h du mat' car elle portait toujours le même lange depuis 22h, puisqu'elle avait "raté" le train habituel de minuit/1h... gloups.
Samedi matin, je la découvre couverte d'une bonne dizaine de petits boutons rouges sur le visage, que je prends pour des piqûres de moustiques (je les avais entendus dans la nuit, ayant oublié de brancher la prise).
La matinée passe vite, à accueillir une réunion de mamans pour parler allaitement, puis je trouve Margaux un peu chaude en début d'après-midi. Elle a effectivement pas loin de 38°, mais comme la barre officielle de la fièvre n'est pas dépassée, je me contente de la mettre en T-Shirt et en couche. Je la sens perturbée et un peu hagarde, mais je mets ça sur le compte de l'agitation du matin.
Et puis en fin d'après-midi, panique à bord, elle a 38°3, et comme elle est encore toute petite, il est recommandé de consulter un médecin pour toute fièvre. Bousier part acheter du paracétamol à la pharmacie, mais quand il revient je lui dis qu'il vaut mieux qu'on aille à la consultation pédiatrique de l'hôpital le plus proche de chez nous. Je passe sur les détails, mais après 1h30 d'attente, le médecin de permanence nous envoie carrément bouler, en nous disant qu'il faut aller à l'hôpital mère-enfant à l'autre bout de la ville, car un bébé de moins d'un mois 1/2 avec de la fièvre, c'est l'hospitalisation d'office. Il ne veut même pas nous recevoir (et en plus nous engueule presque parce qu'on est venus en tram, et nous raconte que dans 10 ans il n'y aura plus de pédiatres... mais est-ce de ma faute, franchement ?). Là je m'effondre, de l'attente qui devenait pénible, et du spectre de l'hospitalisation. Je ne veux pas de ça pour ma fille, depuis quelques heures elle ne veut plus quitter l'écharpe et je l'imagine déjà en pleurs dans un berceau en plastique et moi lui tenant la main sans pouvoir la calmer...
Cette fois, j'ai le bon réflexe d'appeler une amie pour m'aider à y voir plus clair, "on-y-va ou on-n'y-va-pas", et son mari pharmacien me rassure sur la gestion de la fièvre, et m'informe qu'il y a une épidémie de varicelle en ce moment dans la région, ça pourrait bien être ça. Du coup on décide de rentrer à la maison, de mettre un 1er supo de paracétamol et de surveiller l'évolution de la fièvre 2h après, avec départ pour l'hosto si on atteint la barre des 39°. Elle a quand même 38°9 à ce moment-là, je suis franchement inquiète et en colère contre ce médecin qui nous a fait perdre tant de temps. Inquiète également, car la tentative de lui donner un bain a été un véritable échec qui l'a complètement terrorisée, et sur l'éventuelle inefficacité du supo, car 1mn après l'avoir mis il y a eu un beau "sprrrroutch" dans la couche. Mais l'ami pharmacien me rassure, une partie du supo a forcément fondu avant, on peut éventuellement se contenter d'attendre 4h au lieu de 6h pour mettre le prochain, mais il n'y a pas de raison de paniquer. Effectivement, c'est descendu à 38°4 2h après, on va donc se coucher (plus ou moins) sereinement.
Je propose le sein très régulièrement même si Margaux ne le prend que très peu de temps à chaque fois, mais je me dis que c'est déjà ça. Au cours de la nuit, la température remonte à 38°9, mais comme Bousier n'a pas l'air de s'inquiéter lorsque je le lui annonce, j'essaie de me rendormir, pas facile avec cette petite bouillotte qui ne veut pas quitter mon épaule...
Au petit matin, Margaux demande à téter toutes les heures, ça me rassure, j'ai l'impression qu'elle reprend du poil de la bête. Effectivement, elle n'a plus que 38°3 à 7h du matin. Et après avoir passé 1h (!!) au sein (ou plutôt auX seinS), elle est redescendue à 37° à 10h. Victoire !!
Moi je me retrouve presque "à sec", c'est la première fois que Margaux enchaîne les 2 seins à chaque tétée, mais il faut bien qu'elle se rattrape de cette quasi diète de plus de 24h. Je suis heureuse de voir que tout s'est arrangé et qu'on a bien fait d'essayer de faire baisser la fièvre avant d'aller à l'hôpital. Je passe un long moment à la contempler assoupie, à savourer ce moment de bonheur après l'inquiétude, et à la féliciter de s'être si bien battue.
Cette "mésaventure" m'a fait prendre conscience de la particularité de notre relation, du lien si particulier et intense qui nous unit, Margaux et moi. Je crois qu'aujourd'hui (enfin) je me sens pleinement maman, et je ressens au plus profond de mon coeur combien ce tout petit bébé a besoin de moi. Je réalise combien mon instinct est fort, et surtout juste, et combien ma "raison" m'avait empêchée de l'écouter à plusieurs reprises depuis la naissance (alors qu'à chaque fois j'aurais mieux fait d'écouter mon coeur). Je vais peut-être passer pour une mère "fusionnelle", mais après tout nous avons vécu en fusion pendant 9 mois (bien tassés !), alors quoi de plus normal que cette fusion se prolonge encore plusieurs semaines après la naissance ? Cette difficulté que j'éprouve à la laisser dans les bras "d'étrangers" (à savoir autres que ceux de son papa, même si ce sont des gens en qui j'ai confiance par ailleurs) me semble aujourd'hui évidente et naturelle, et je ne cherche plus à la combattre.
Aujourd'hui, Margaux a besoin plus que tout de l'amour de ses parents ; le reste viendra en son temps, tout simplement...