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De la petite graine aux premiers pas
2 février 2009

On n'est aidé(e)s...

Mardi matin, ma tante m'appelle : "je viens de regarder Les Maternelles, c'était sur le sommeil et très intéressant, tu devrais aller la regarder sur Internet". Par curiosité, je m'exécute le lendemain. Heureusement, j'étais solide et bien dans mes baskets à ce moment-là, parce que j'ai trouvé l'émission vraiment culpabilisante pour les parents de bébés qui ne font pas "leurs nuits". Et quand je réalise que ce discours est celui partagé par la grande majorité de la population, ça me fait peur...

Sur le plateau : une maman, un papa, une toubib à la retraite, et une psy.
L'émission est en ligne depuis 8 jours, donc jusqu'à ce soir seulement. Alors j'ai pris des notes, et j'ajoute mes commentaires (attention, c'est long...).

* "généralement, l'enfant ne sait pas s'endormir seul. Donc quand il se réveille normalement dans la nuit, il ne sait pas comment faire, il appelle papa et maman pour se faire ré-endormir". Je trouve l'explication un peu simpliste, mais soit, je veux bien l'admettre.

* les causes "organiques" de réveil sont "assez rares" : dans une consultation spécialisée elles représentent (attention tenez-vous bien...) 20% des cas. Ça nous fait quand même 1 enfant sur 5... pas si rare que ça, si ?

* "ça se complique par le fait que quand ils ne savent pas s'endormir, on les alimente, on croit qu'ils ont faim donc on donne le sein très très vite, on donne un biberon, donc on peut arriver à un excès d'alimentation". Non, on ne peut pas arriver à un excès d'alimentation avec un bébé allaité, car le bébé sait parfaitement se réguler seul, et la lactation s'adapte à la fréquence des tétées car la composition du lait varie. C'est franchement choquant que cette pédiatre qui a écrit un livre avec Marie Thirion face un amalgame aussi grossier entre les bébés allaités et ceux nourris au bib'. Et tout aussi choquant qu'elle réduise le fait de donner le sein à un simple apport alimentaire.

* "toutes ces habitudes qui sont prises sont agréables pour l'enfant ; c'est très sympa, surtout quand on est 2 ou 3 enfants très proches, c'est très agréable au milieu de la nuit d'avoir un petit moment tout seul avec papa, avec maman [...] ce qu'on n'a pas le jour on le récupère la nuit ; alors pour peu que les parents trouvent ça sympa aussi, ça n'a pas vraiment de raison de s'arrêter". Alors là, la psy, elle manque franchement de tact, non ? Genre "c'est de votre faute si ça vous arrive", je ne sais pas vous, mais moi ça ne m'aide pas vraiment :-/ (même si dans le fond ça ne me choque pas de dire que l'enfant récupère la nuit ce qu'il n'a pas eu la journée).

* les mamans entendent davantage les pleurs de leur enfant que les papas, parce que c'est "un facteur de protection vis à vis du bébé, de réagir très facilement dès qu'il y a quelque chose d'un petit peu anormal". Merci donc, docteur, de nous dire qu'il est normal de réagir face aux pleurs de notre bébé. Alors pourquoi donc nous exhorter à ne pas y répondre ??

* le papa raconte qu'il gère le premier réveil de son petit dernier vers minuit, tentant de le rendormir malgré les fortes protestations du bébé pour téter auprès de sa maman ; et là, la présentatrice qui répond : "même à 15 mois ? Mais qu'est-ce que c'est que cette autorité ??" L'enfant est donc considéré comme un tyran qui empêche ses parents de vivre (ou en l'occurrence de dormir), et non pas comme un être humain à part entière, qui a des besoins, certes difficiles à concilier avec ceux de ses parents, mais qui n'ont somme toute pas à être tués dans l'oeuf à grand coup "d'autorité"...

* "la première fois qu'on a appliqué la méthode (des 5-10-15) on l'a interrompue parce qu'il s'est fait vomir ; il fallait changer les bras. On pense qu'il l'a fait exprès". Et la toubib et la psy de confirmer en coeur... J'ai vraiment, vraiment du mal à croire que des parents puissent penser que leur enfant soit capable de se faire vomir exprès ; c'est vraiment lui prêter beaucoup de pouvoir et de machiavélisme. Moi je crois que cet enfant était tellement pris de détresse, submergé par ses pleurs, que son corps a eu une réaction physiologique pour stopper la crise qui l'emportait trop loin. Et la psy qui continue : "si on y va quand même, il faut y aller en donnant le moins possible. C'est à dire qu'on change les draps de façon la plus neutre et la moins affective possible". Jamais je ne comprendrais ces "conseils" donné aux parents pour les empêcher de répondre à l'élan de leur coeur. Messieurs-dames les professionnels de santé, vous tentez de nous transformer en machine. C'est pas ça la vie ! "On fait ce qu'il y a à faire mais on ne donne pas de récompense au fait de se réveiller". Et là je bondis : on est vraiment dans le domaine du dressage, ça me révolte. Sans tomber dans la culpabilité, genre "pardon mon choupinou, je m'en veux de ce que je te fais subir", on peut quand même faire son possible pour accompagner l'enfant et reconnaître que ce qu'il ressent est légitime, qu'il a le droit d'avoir envie et même besoin de câlins, à des heures indues selon nous. Le fait de choisir de satisfaire ou non cette demande n'empêche pas de reconnaître son existence pour autant !

* "l'enfant sent très vite l'absence de limites et la faiblesse des parents". Mais nom de nom, quand va-t-on arrêter de penser que les bébés font exprès de se réveiller la nuit ? S'ils appellent leurs parents à des heures pas possibles, c'est pas pour leur rendre la vie impossible ! C'est parce qu'ils ont besoin d'eux !!

Edit : je reprends ici le commentaire de Séverine, parce que je partage à 100% sa vision, mais que j'avais oublié de mentionner cet aspect des choses :
Je crois que c'est cette phrase entre toute qui me choque le plus... Il y aurait donc des parents forts et des parents faibles. Et si on est plutôt enclin à répondre aux pleurs de son bébé, on est faible.
C'est un peu comme si on était en guerre permanente avec son bébé, finalement. Il ne faut pas être faible, il faut gagner, le soumettre a sa volonté. Être fort. Plus fort que lui.
C'est donc ça, les rapports humains? L'un essayerait de manipuler, l'autre doit donc le dominer? C'est ça qu'on doit apprendre à nos enfants, dès leur plus jeune âge? Et c'est ce genre de relations que l'on doit suspecter dès lors qu'un enfant ne fait pas ses nuits?
Moi qui croit bêtement que ce genre de rapports sont malsains et qu'il faut justement s'en éloigner... Et qui croit aussi que la parentalité réside avant tout dans un accompagnement respectueux de l'être en devenir qu'est l'enfant...
N'y aurait t il donc pas d'autre choix qu'être un loup ou un mouton??? L'homme n'est il que ça?

* "quand un adulte pleure, c'est parce qu'il a mal, ou parce qu'il est triste. Mais le bébé non, c'est sa façon à lui de communiquer. Ça peut être sa façon d'appeler, c'est sa façon de dire "ouhou quand est-ce que tu viens t'occuper de moi, regarde comme je suis malheureux quand tu n'es pas là" (dis avec un sourire narquois). Mais c'est pas forcément quelque chose de profond comme nous, c'est un mode de communication". C'est la psy qui dit ça... Là encore, point de reconnaissance des sentiments de l'enfant, son appel n'a aucune valeur, son besoin d'être réconforté ne vaut rien...
Elle continue : "bien sûr que c'est stressant un bébé qui pleure, c'est profondément, physiologiquement stressant, c'est exprès. Parce que comme ça on vient les secourir. Dans l'histoire humaine, si les pleurs du bébé n'avaient pas été stressants, l'humanité n'aurait peut-être pas survécu". C'est vraiment un discours plein de contradictions : on nous dit que les pleurs appellent une réponse, et en même temps qu'il ne faut pas y répondre. Je me pose une question : que va devenir l'humanité si on arrête de répondre aux pleurs des bébés ? (d'ailleurs il serait temps que ces chers médecins se penchent un peu sur le fait que notre beau pays où on laisse les enfants pleurer est aussi un gros consommateur d'antidépresseurs. Je n'ai aucune données permettant de faire la corrélation, mais je m'interroge... Et puis on peut aussi rappeler au passage qu'il y a eu des études de faites sur les conséquences des pleurs auxquels on ne répond pas, qui sont reprises dans ce bouquin).

* "je pense que tant que les parents ont une satisfaction à retrouver leur bébé, ont un bénéfice à cette situation, même s'ils sont fatigués, c'est qu'ils ne sont pas prêts. Et puis il y a un jour où  la lassitude prend le dessus, et ce jour-là, quelque chose bascule, ils sont prêts, ils vont consulter, et ils sont prêts à appliquer la méthode". Donc si j'ai tout compris, un bébé ne peut pas apprendre à dormir seul à moins d'y être dressé, et on ne peut y parvenir qu'en appliquant une "méthode" froide et sans amour. Je trouve que ça laisse bien peu d'espoir aux parents qui s'attachent à cheminer vers un accompagnement respectueux de leur enfant...

* le papa témoigne : "ceci dit, quand ils grandissent, ils ne font pas que pleurer. Moi mon aîné, il s'est réveillé, et puis il va dans le salon et il va compter les fenêtres allumées en face, il revient et fait "papa il y a 4 gens réveillés" et il est 3h du matin". La psy, d'un ton donneur de leçons : "vous avez de la chance qu'il ne mette pas la télé, parce que bientôt il va mettre la télé tout seul". La présentatrice : "'pis il va piquer les clés de la bagnole, hihihi". Le papa "c'est pour dire qu'il y a une étape où ils se réveillent et ils agissent aussi, pendant la nuit". La psy : "mais attendez, c'est interdit ça ! c'est drôlement dangereux !". Je me demande comment s'est senti ce papa en entendant ça. En tout cas ce n'est vraiment pas un discours aidant...

* la doc : "il y a très peu de raisons pour lesquelles on se réveille la nuit. Il y a effectivement l'allergie au lait de vache, l'otite chronique, le RGO, il y a quelques causes médicales, mais elles sont rares, et dans 70-80% des cas, c'est des causes environnementales. C'est le fait de ne pas pouvoir s'endormir seul, c'est le fait d'avoir des petites difficultés de séparation, d'être un peu anxieux parce qu'on a des parents qui ne sont pas très rassurants..." Quel dommage qu'en 2009 on en soit encore à considérer que les causes psychologiques ne soient pas tout aussi importantes que les causes physiques, que la tête ne mérite pas toute notre attention pour la simple (et mauvaise raison) qu'on ne sait pas "comment ça marche", qu'on en soit encore à nous découper en morceaux comme un vulgaire bout de viande...

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Bon, j'en ai quand même retiré 2-3 trucs intéressants quand même :
* l'enfant n'a pas de cycles de sommeil "définitifs" avant 2-3 ans : à 3 mois, l'enfant a 8 réveils, à 8 mois il peut se réveiller 5 fois, à 18 mois, 3-4 fois. Les éveils entre les cycles sont normaux, le problème c'est quand bébé ne sait pas se rendormir seul (bon, ça, on l'a compris je crois).

* trop d'alimentation dans la nuit donne à l'enfant envie de faire pipi, ce qui le réveille. Donc donner le sein en premier réflexe (parce qu'on est d'accord hein, c'est quand même franchement plus confortable que de se promener avec 5 à 10kg dans les bras...) à chaque réveil peut faire entrer dans un cercle vicieux. D'autant plus que ça crée un "conditionnement faim". "Si vous, à 2h du matin vous mangez un repas pendant une semaine, à la fin de la semaine vous aurez faim, et si vous ne mangez pas, vous ne vous rendormirez pas".

* si on a envie de tenter une "méthode", mieux vaut en tenter une et s'y tenir, plutôt que de "tout essayer". L'enfant sait que le lendemain, ça sera pareil que la veille.

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Et puis heureusement, il y a l'intervention de Nathalie Lebreton qui a rattrapé un peu le truc : "on est quand même dans une période un peu bizarre, parce que quand vous allez regarder tous les rayons des libraires, il y a au moins une dizaine de nouveaux livres sur le sommeil chaque année, et en même temps les méthodes ne changent pas. Alors ça nous met complètement en questionnement sur nos compétences de mère, avant même qu'on soit enceinte, on sait qu'il y a UN problème, c'est le sommeil de l'enfant. Et on oublie notre B-A-BA, on oublie que chaque enfant est différent, qu'il n'y a pas justement UNE méthode, parce que sinon il n'y aurait pas tous ces bouquins, et que chaque enfant s'adapte.
Il faut s'adapter en fonction de chaque enfant, et si on est déjà fatigué, on a du mal à prendre ce recul là. Et il faut aussi ajouter que c'est une histoire de chrono-biologie, et le truc de bon sens qu'on oublie parce qu'on est en stress, parce qu'on nous dit qu'on ne va pas y arriver, qu'il faut faire une méthode ceci ou cela, c'est qu'il faut arriver à décaler, et notamment à la fin de la journée, quand votre enfant pleure tout de suite et que vous passez à l'alimentation. Or effectivement, 1- laissez passer un tout petit peu de temps, 2- passez par le bonheur de se retrouver et attendre vraiment qu'il manifeste la faim. Et puis après mettre une activité de soin corporel, et allonger tout doucement la durée de ce soin corporel. Vous allez jouer avec l'enfant, vous allez regarder ses pieds, ses yeux, etc, vous allez prendre votre temps, bref vous allez faire une vraie phase d'éveil avec lui. En général, derrière un respect de la chrono-biologie de l'enfant comme ça, il vous fait une heure de plus. Et c'est comme ça, tout doucement que vous allez gagner. C'est un engrenage positif."
[...]

"Oui, on a le droit d'avoir envie de fusionner avec son enfant, même au-delà de 6 mois, et ce ne sera pas bien grave, parce que si on a réussi à mettre la sécure ce n'est pas des mauvaises habitudes. Ça prendra plus de temps, et ce n'est pas bien grave si ce ne sont pas les normes des livres
".
Ahaaaa, ça fait quand même du bien d'entendre ça, non ?

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Commentaires
B
oh oui, on a tendance à culpabiliser les parents et oublier que chaque enfant est unique et qu'il n'y a pas de méthode générale ;)
C
je ne regarde jamais les maternelles, elles m'énervent trop !<br /> C'est nul ! du coup je n'ai pas lu tout ce que tu as écrit çà m'horripile ! <br /> Quand je compare entre Louis 10 mois encore allaité et Alizé 11 mois (la fille d'une amie) qui n'est plus allaitée depuis qu'elle a 3 mois, je ne vois pas de différence entre ses nuits et les siennes ... <br /> Moi j'adore que mon bébé me réveille la nuit pour se blotir contre moi et téter. <br /> Alizé par contre fait la nouba alors que ses parents ne "cèdent pas à son chantage" d'après ma copine ... <br /> Mon mari dit que je lui trouve toujours une bonne raison de se réveiller, une bonne excuse. Ben, oui, s'il se réveille c'est qu'il a quelque chose : froid, chaud, mal aux dents, à la gorge, il tousse, a fait caca ... ou simplement envie d'un câlin... <br /> Je suis une peu fatiguée des fois, mais c'est comme çà. Je le voulais tellement ce 4ème et je savais que ce serait dure physiquement les premiers mois.<br /> Je l'aime et je veux qu'il parte sur un bon pied dans la vie : qu'il ait confiance en lui et qu'il ait confiance en nous.<br /> D'ailleurs, c'est un des seul qui ne pleure pas le matin à la crèche, il sait que je ne vais pas le laisser, que je vais venir. Il a confiance en moi.<br /> bises<br /> claudie
A
oh la la ! il y a quelques années je regardais les maternelles à l'occasion, en me pensant que ce serait une chouette émission à regarder quand j'aurai un enfant !<br /> <br /> et puis, j'ai été enceinte, j'ai eu mon bébé et je n'ai jamais regardé l'émission ! sans regret !! lol
A
Pareil que tout le monde. Moi aussi ça m'a fait pester. Surtout la notion culpabilisante qui donne si on résume : si votre bébé se reveille encore la nuit c'est de VOTRE faute, parce que vous y trouvez votre compte, parce que vous l'allaitez et qu'il aime ça, parce que vous êtes faibles. Et y'a pas un des "pros" invités sur le plateau qui a affirmé que s çai on laissait l'enfant pleurer ça allait être dur une nuit ou deux mais qu'après c'etait "bon" l'enfant ne se reveillerait pas ? Ca m'a trop fait marrer,ça aussi. Et oui heureusement qu'il y a Nathalie Lebreton parce que, comme dit quelqu'un qu'est ce que Karine lemarchand est coconne et première degré......
S
C'est vrai que Nathalie Lebreton est la seule qui fasse que je regarde encore les Maternelles de temps en temps...
De la petite graine aux premiers pas
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