Manifeste d'une mère qui fait ce qu'elle peut
Dès qu'on touche à la parentalité, tout le monde a son avis sur la question, et s'empresse généralement de l'exposer. Aussi bien les parents que les non-parents, et même les professionnels de santé, qui trouvent leur mots à dire sur des sujets qui ne touchent pas la santé d'ailleurs. Pour peu qu'on soit un tantinet dans une phase de doute et dans la remise en cause de ses certitudes, tous ces avis nous arrivent en plein coeur, comme autant de conseils et d'injonction à faire "ce qu'il faut." C'est décourageant, ça déstabilise, ça peut même avoir l'effet inverse de celui escompté.
Et nous voilà en train d'entendre :
à droite, qu'il faut allaiter l'enfant à la demande et répondre systématiquement à son besoin de succion, à gauche qu'il ne faut pas se laisser vampiriser ni devenir un satellite de son bébé ;
ici que l'enfant doit apprendre à se socialiser, et là que pendant ses premières années l'enfant n'a besoin de personne d'autre que sa mère (ou tout du moins ses parents) ;
un jour qu'il faut poser des limites et un cadre de vie structurant, le lendemain qu'il faut laisser l'enfant faire ses propres expériences en toute liberté ;
sans oublier que pour les uns la frustration est une étape nécessaire pour la construction de l'individu, alors que les autres vous affirmeront que la solution réside dans une remise en question perpétuelle des évènements du quotidien pour s'adapter à chacun.
Dans tous ces conseils, pas une once d'écoute, pas un soupçon de tentative pour savoir comment le (nouveau) parent aborde tous ces chamboulements dans sa vie et dans sa tête. On ne cherche qu'à lui donner une principe universel applicable en tout temps et en tout lieu.
MAIS C'EST PAS ÇA LA VIE !
Alors... et si on arrêtait de voir les parents comme des incapables qui vont forcément se planter ? Ou plutôt... et si on acceptait de les laisser se planter, hein ?
Si on les laissait user de leur liberté et de leur autonomie, pour trouver en eux leurs propres réponses,
Si on acceptait que les solutions qui leur conviennent ne sont peut-être pas identiques à celle du voisin, sans pour autant être jugées "meilleures" ou "insuffisantes",
Si on leur laissait le temps de parcourir leur propre chemin, à LEUR rythme, en fonction de LEUR histoire personnelle,
Si au lieu de voir leurs "insuffisances", on se contentait de voir leurs difficultés à affronter leurs blocages personnels,
Si au lieu de leur faire la leçon et pointer du doigt leurs problèmes, on se contentait de leur proposer une oreille attentive et empathique, un soutien sans faille et sans jugement...
... Je crois que la vie de parent serait plus douce et plus facile, et que celle des enfants serait peut-être elle aussi plus douce, du coup...
Parce que je suis persuadée qu'il n'y a pas de mauvais parents, tout comme il n'y a pas de parents parfaits. Il n'y a que des enfants qui ont souffert de manques, et qui en grandissant ont développé des stratégies pour les compenser. Et ces enfants un jour deviennent parents à leur tour, et se retrouvent alors face à ces manques et ces blessures qui n'ont pas guéri.
TOUS, nous souhaiterions le meilleur pour nos enfants, aussi bien que pour tous les enfants du monde. Commençons par prendre soin des anciens enfants que nous étions, et n'oublions pas que tous les parents du monde font ce qu'ils peuvent, avec ce qu'ils ont reçu, tout simplement...