Examens prénataux : savoir ou pas ?
Depuis que j'ai envie d'avoir un enfant (et peut-être même avant), je me renseigne sur divers sujets autour de l'enfance. Ça a commencé avec les couches lavables, le portage en écharpe, plus récemment j'ai découvert le liniment oléocalcaire (que je teste en tant que démaquillant pour l'instant), les recommandations de l'OMS concernant l'allaitement ou l'épisiotomie, le concept d'éducation non-violente (oui, pour moi c'est réellement un concept vu comment j'ai été élevée), ou encore les inconvénients d'un accouchement médicalisé, avec péridurale et tout le tintouin. Tout ça fera sans doute l'objet de billets à venir, pour l'instant je laisse mijoter tout ça.
Pourquoi me renseigner alors que je ne suis même pas concernée ? Parce que je tombe régulièrement sur des témoignages de mamans qui regrettent de s'être laissées "avoir" pour leur premier enfant, et qui jurent qu'on ne les y reprendra plus. Alors même si "l'expérience est une bougie qui n'éclaire que celui qui la porte", j'ai quand même appris pas mal de choses, et j'envisage cette période de ma vie à venir différemment maintenant que je me suis posée certaines questions (notamment en ce qui concerne l'accouchement et les protocoles qui l'accompagnent à l'hôpital). Je me dis que j'ai le droit de faire autrement, si je le sens comme ça.
Dernièrement je me suis penchée sur le thème des examens prénataux. Pourquoi certaines femmes refusent-elles tout ou partie de ce suivi ? Et puis j'ai lu cet article très intéressant de Michel Odent sur le Portail Naissance (lien dans la colonne de gauche). A force d'essayer de faire rentrer les futures mamans dans des cases normatives, on en arrive à les stresser plus qu'autre chose. Encore une façon de se faire déposséder de cette période si particulière...
Personnellement, je suis plutôt du genre à faire confiance à mes sensations. Dans la vie quotidienne, je prends rarement des médicaments, car j'estime que mon corps s'exprime parce qu'il a quelque chose à dire, et que de prendre un anti-douleur ne réglera pas le problème, au contraire. Aussi, je n'accepterai a priori les tests sur le fer ou le diabète que si je me sens particulièrement fatiguée ou avec des symptômes "bizarres" (d'où l'intérêt de se renseigner sur ce qui est "normal" ou pas). Au pire je ferai plaisir au médecin en faisant l'analyse, mais il pourra toujours courir pour que je me bourre de cachetons plus moins (et sans doute moins que plus) "naturels".
Je pars du principe que :
- mon alimentation est déjà largement satisfaisante (je fais mes courses presque exclusivement sur un marché bio, et mes seuls achats alimentaires en supermarché se limitent à des paquets de céréales -bio eux aussi- ou des aliments consommés "exceptionnellement"),
- on fait des bébés depuis la nuit des temps en ayant une vie largement plus difficile que la mienne (je suis en bonne santé, mon boulot n'est pas stressant, mon alimentation est variée, j'ai une activité physique modérée et régulière). Et vu mon âge (28), je ne rentre pas dans la "case" des grossesses à risques a priori.
Tout ça pour en arriver au sujet que j'ai abordé avec mon mari hier : quelle attitude adopter face à la trisomie 21 ? Le sujet me tient à coeur car je crois préférable d'y réfléchir sereinement plutôt que sous la pression d'un médecin qui conseille (il n'a pas le droit de l'imposer) de faire une amniosynthèse, puis de se morfondre pendant 3 semaines en se demandant ce qu'on va bien pouvoir faire si c'est positif... Sans parler de l'angoisse du risque de fausse couche. Et une fois qu'on a mis le doigt dans l'engrenage, il est difficile de tout stopper en route (j'en tiens pour preuve le cas de ma soeur qui a difficilement vécu cette période... tout ça pour "rien" puisque son fils est "normal"). Nous nous sommes donc demandés : accepterions-nous le risque d'avoir un enfant trisomique, ou obterions-nous pour l'interruption médicale de grossesse si le dépistage était positif ? Et risquerions-nous de mettre la vie de notre enfant en danger avec cette amniosynthèse ? Car si on se contente de faire le tri-test sans aller jusqu'à l'amniosynthèse, on se contente d'avoir comme résultat un risque statistique. Votre risque est de 1/251 ? vous êtes jugées sans risque et on s'arrête là. Oui, mais si vous êtes justement ce "1", vous ne le savez pas. Votre risque est de 1/249 ? On vous propose d'aller plus loin, mais cela implique le risque de 1/100 de faire une fausse couche. Sacré dilemme... D'autant plus que tout cela arrive environ à 5 mois de grossesse, et qu'une "simple" aspiration ne sera pas suffisante pour stopper nette l'aventure (je crois que c'est ce qui me fait le plus peur : devoir provoquer un accouchement pour avorter).
Chacun est libre de ses choix, et ce genre de décision est je crois très personnel. Je me demande même si mon état d'esprit actuel sera le même quand je serai "au pied du mur". En l'état actuel des choses, nous avons choisi de refuser de mettre le doigt dans cet engrenage là, parce qu'on fait confiance à la Nature... et au Destin. Parce que rien n'arrive par hasard (c'est en tout cas ma conviction personnelle), si nous devons avoir un enfant bientôt, nous l'aurons. Et s'il doit être "anormal" parce qu'il est "écrit" quelque part que nous devons traverser cette épreuve, et bien nous le ferons.
J'espère garder cette sérénité et cette confiance quand les médecins seront après moi avec leur science infuse et leur volonté de me faire rentrer dans le moule à tout prix...