Bilan de 3 mois 1/2 d'allaitement
"Tu la nourris ?" Cette question, on a du me la poser une bonne dizaine de fois hier, en ce jour funeste qui a rassemblé toute ma famille devant un cercueil trop tôt rempli... La famille au grand complet donc, que je ne m'apprêtais pas à voir avant Noël, a pu faire la connaissance de Margaux. Enfin, presque, parce qu'elle a dormi pendant toute la durée du buffet, au grand dam d'un bon nombre de gens qui n'ont pas pu s'empêcher de tirer sur l'écharpe pour voir sa trogne (nan, mais là, elle DORT ! mais pourquoi accorde-t-on si peu de respect aux bébés ? il faudra que j'y revienne). A cette question, j'ai bien évidemment répondu "oui", le plus simplement du monde, et pourtant je sentais une certaine attente de la part de mes interlocuteurs(trices, en fait). Je me suis sentie comme une petite fille dont on attend qu'elle donne "la bonne réponse". En y repensant, j'ai trouvé ça très culpabilisant. Je me suis mise à la place d'une maman qui donne le biberon (peu importe la raison), j'aurais été vraiment mal à l'aise. Surtout quand la réplique suivante était "ah, c'est bien". On ne me demandait pas si l'allaitement se passait bien, non, on vérifiait juste que je faisais ce "qu'il fallait". Et pourtant, à 3 mois 1/2, la plupart des bébés sont déjà au biberon pour faciliter le retour au travail de la maman, alors pourquoi m'interroger de la sorte, comme si je passais l'examen de la "bonne mère" ?
Y'a pas à dire, ces histoires d'allaitement, ça brasse beaucoup de choses quand même. J'en profite pour citer des passages d'une interview de James Akré, publiée dans le dernier N° de Grandir Autrement :
"Il faut cesser de parler de tous les avantages du lait maternel. Le sein n'est pas plus sain ; il est plutôt normal, voire même ordinaire. (...) Nous rallier à l'allaitement maternel nous place d'office sur la voie que l'histoire de notre espèce nous désigne. Nous séparer de cette voie autrement que pour des raisons urgentes reste une entorse sérieuse à notre humanité.
(...)
On culpabilise les parents d'une manière générale, par exemple pour la vaccination, les sièges agréés, les casques de vélo, etc. Le lait maternel serait une exception ? On lit des tas d'articles indiquant ce qu'il faut faire ou non avec ses enfants. Peut-on se contenter de dire "Allaitez, si possible" ? On n'a pas dit "Portez un casque, si possible", car c'est une consigne de santé publique péremptoire. On va culpabiliser la société entière si on veut changer son comportement."
J'adhère à ses propos. Et j'en reviens au mien : c'est quand même dingue que le sujet préoccupe autant, alors que c'est tellement naturel. On ne m'a pas demandé si je lui donnais bien un bain régulièrement, ou quand j'avais changé sa couche (ni même si elle était vaccinée ! :-p), alors pourquoi cette fixette sur l'allaitement ?
Enfin bref, revenons à nos moutons. Je me rends compte que je n'ai pas vraiment parlé de mon allaitement depuis son démarrage, alors il y en a des choses à dire !
Globalement, tout va bien, puisque je n'ai souffert (pour l'instant en tout cas) d'aucun des "bobos" qu'on peut rencontrer en cours de route (crevasses, engorgement, etc.). Seule ombre au tableau : un REF (réflexe d'éjection fort) et une miss "grignoteuse" qui ne vide pas le sein à chaque fois et rempli ses couches de selles vertes si j'alterne trop un sein puis l'autre (je rappelle que les selles vertes sont dues au fait que le bébé prend trop de lait de début de tétée, riche en lactose et plus difficile à digérer, et pas assez de lait de fin, qui est plus gras et donne un caca bien jaune). Quelques rares fois (genre 2 ou 3) elle a enchaîné les 2 seins, mais c'était vraiment exceptionnel.
J'ai donc mis quelques temps à prendre l'habitude de lui donner le même sein plusieurs tétées de suite, et surtout à savoir quand changer de côté : 12h c'est trop long, et j'ai fait jusqu'à fin août par demi-journée environ. Mi-juillet, je me suis rendue compte que le 2e sein était déjà "trop plein" alors que le premier n'était pas encore vide. J'ai alors contacté le lactarium pour me permettre de tirer du lait et que ça serve en même temps à d'autres qui en ont besoin (je pense que je ferais un autre post uniquement sur ce sujet, il y a des choses à dire). Fin août, on est passé par le pic de croissance des 3 mois, et pendant quelques temps j'ai de nouveau alterné un sein à chaque tétée sans presque rien tirer pour le lactarium. Puis le caca vert a fait son retour, et me revoilà à tâtonner pour trouver un nouvel équilibre.
Pour le REF, les choses ont "empiré" avec le temps. Au début, lorsque Margaux lâchait le sein en cours de route, ça goûtait tout seul, à grosses goûtes. Puis, ça a commencé à vraiment couler, comme une petite fontaine. Et maintenant, ça gicle parfois carrément en ligne droite ! Mais elle a appris de son côté à gérer le truc : au début elle ouvrait la bouche quand ça coulait trop vite (youpi l'état du t-shirt...), parfois s'étranglait et toussait un peu, mais maintenant elle mange goulûment comme si de rien n'était. J'ai tenté pendant un temps de supprimer le lait de vache de mon alimentation (il peut faire empirer la situation), mais c'était trop dur de me priver de glace en plein été ! ;-D Et puis le fait de tirer du lait permettait aussi de soulager la pression, même si la tétée suivante était quand même parfois assorti d'un magnifique geyser.
J'ai cru un temps que ce REF gênait vraiment Margaux, à une période où les tétées se terminaient en pleurs presque à chaque fois (dur dur). Mais en y repensant, je me demande si ce n'était pas un pic de croissance que je n'avais pas identifié, car je me souviens qu'à l'époque j'avais aussi assez mal au dos, comme lors du pic des 3 mois...
Côté rythme, on m'avait prévenue : "le premier mois c'est n'importe quoi". J'ai donc scrupuleusement allaité "à la demande" pendant cette période. Puis je m'attendais à ce qu'un rythme s'installe à partir du 2e mois, et que le nombre de tétées se réduise... Bon, ben j'attends toujours... ! ;-) Je suis passée par une période de doutes, je me demandais si je devais (pouvais) faire quoi que ce soit pour imprimer ce fameux rythme. Les tétées sont sans doute toujours aussi nombreuses, mais un rythme commence à se dessiner petit à petit depuis début septembre (et c'est sans doute pour ça que le rythme de nuit est passé à du grand n'importe quoi...). J'ai mis du temps, mais j'ai fini par lâcher prise sur le nombre et la fréquence ; je n'aurais pas du écouter les remarques du genre "toutes les 2h ? mais tu ne fais que ça !" (mouarf, il y a des périodes de la journée où c'est même toutes les heures, j'ai pas intérêt à le dire !). Que c'est difficile de garder le cap et ne pas se laisser influencer par ces insinuations... !
Côté pratique : je fais toujours la même taille de soutien-gorge, à savoir 1 taille de plus qu'à la fin de la grossesse (en tour et en bonnet). Je m'approvisionne en vêtements chez H&M, car ils font des t-shirt et des soutien-gorge assez jolis, pas chers (moins de 20€) ET en coton bio. Je sais que leur politique globale n'est pas exempte de tous reproches, mais vu l'état du marché de l'habillement d'allaitement, je ne peux pas vraiment faire la fine bouche (et comme je ne vais plus recevoir de salaire à présent, je ne peux pas me permettre de payer 40€ par pièce).
J'utilise parfois les coquilles d'allaitement, pour recueillir ce qui coule de l'autre côté pendant la tétée. Mais pas souvent, car une fois rincée et mise à sécher sur l'égouttoir, je les oublie... Avant que je ne commence à tirer du lait pour le lactarium, je versais le lait recueilli dans un bac à glaçon pour faire une petite réserve de lait au congélateur (des fois qu'un jour elle accepte de prendre le bib' avec son père, mouarf). Maintenant, je vais la plupart du temps au plus simple : un coussinet d'allaitement (lavable ! en chanvre et coton bio) du côté qui n'est pas occupé, et je le mets au linge sale le soir. J'ai rarement des montées de lait intempestives, ou alors pas assez importantes pour mouiller mes vêtements, alors je n'en mets pas des 2 côtés continuellement.
Et la nuit, je dors avec un débardeur d'allaitement avec brassière intégrée (H&M, toujours), je peux donc glisser un coussinet ou un bout de couche en tissu pour absorber ce qui coule et ne pas finir la nuit trempée. Là aussi j'ai de la chance, ça ne coule pas tout seul sans prévenir, mais seulement quand Margaux a amorcé la montée de lait en tétant.
C'est toujours un vrai bonheur que d'allaiter mon bébé, ses grands yeux qui cherchent à accrocher mon regard, sa petite main qui agrippe mon t-shirt ou mon pouce. Je regrette peut-être qu'elle n'espace pas un peu plus ces moments, ce qui me permettrait de planifier plus facilement des périodes où je pourrais m'absenter sans me demander si elle n'hurle pas de faim dans les bras de son papa. Mais ça ne durera qu'un temps, alors je limite les absences à ce qui est nécessaire, et en attendant de pouvoir allez chez le coiffeur, je m'attache les cheveux ! (qui recommencent à tomber par poignées, ça m'éneeeeerve...)
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